"Savanah était spéciale. Elle était gentille et généreuse, heureuse et sympathique. Quelque peu timide, mais très agréable. De ce que j'ai pu en savoir sur elle, sa vie n'avait pas été facile. Elle ne m'a jamais raconté les détails profonds de sa vie avant l'université, seulement qu'elle vivait sous le toit d'un oncle fou et qu'elle est partie de là à l'âge de dix-huit ans. Elle était une femme aimable, et elle tenait beaucoup à son frère. Le lien qui les unissait était si fort, le pauvre était dévasté lorsqu'il a appris sa mort. Savanah adorait son frère, tout comme Charles adorait sa soeur. Chez lui, elle voyait un futur meilleur et chez elle, il voyait un refuge familial. Elle m'a souvent fait part de son inquiétude pour son petit frère, qu'elle n'avait pas les moyens pour payer pour la tuition de celui-ci et qu'elle était déjà assez endettée comme ça avec sa carte de crédit.  Elle et moi parlions beaucoup, et à un moment, j'avais fini par lui parler de mon job et de ma bande d'amies. Savanah possédait de grandes capacités pour convaincre, et à ce jour, je regrette de l'avoir introduite à ce mode de vie. Mes amies et moi étions spéciales. Assez spéciales, je dirais. Nous n'étions pas votre typique bande de jeunes riches dont leurs parents payaient leurs tuition. Enfin... Excepté pour Alsie, mais elle était une exception. Le reste des filles et moi récoltions de l'argent par des moyens un peu sales. Mais franchement, lorsqu'on est pauvre, quel autre moyen pourrait-on trouver pour payer une tuition de 20,000$?

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Savanah a fini par me faire part de son envie de vouloir être comme nous. Elle trouvait que nous étions jolies, belles, elle adorait nos parfums et vêtements chers. Bien que je lui disais souvent que notre travail n'était pas facile, elle n'abandonnait pas. À force de me faire part de son envie de nous joindre dans nos aventures quelque peu folles, elle a fini par se joindre. Mes amies et moi allions souvent à des fêtes dans des salles privées,  couvertes d'un masque. Nous nous vêtions d'une petite robe qui accentuait nos formes, des talons hauts, un beau rouge à lèvres rouge et de la lingerie fine. Ces fêtes étaient fréquentées par des femmes comme nous et des hommes richissimes, qui s'ennuyaient de leur vie mondaine et répétitive. Des hommes qui cherchaient des jeunes demoiselles avec qui passer un soir de plaisir intense, de sensations puissantes. Nous n'étions là que pour l'argent, et eux, pour les sensations. Il s'agissait de fêtes classes, la drogue n'était pas au sein de ces salles privées. Seulement des chambres bien décorées, des hommes riches et des filles jolies.

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Je me rappelle très bien avoir vêtue Savanah moi-même avec une de mes robes que j'avais déjà portée pour une de ces fêtes et dont je ne pouvais me permettre de remettre. Elle lui allait comme un gant, et pour un moment, j'ai considéré la lui donner. Elle lui allait bien mieux qu'à moi, franchement. C'était une robe argent courte, désignée par Antoine Salamé de Labourjoiesie qui coûtait assez chère, mais dont je pouvais me permettre avec tout cet argent que ces hommes me donnaient. Je me rappelle que ce soir-là, Savanah avait attisé l'oeil d'un homme. Un beau bonhomme, je dois dire. Un regard turquoise aussi profond que la mer, une mâchoire carrée, un corps assez sculpté pour un homme plus âgé et quelques mèches grises subtiles. En réalité, je crois que tout ceci est de ma faute. Comment lui dire que cet homme était le beau-père d'un de mes clients? 

Je ne sais pas combien d'argent il lui a payé, mais je sais que dès le lendemain, elle est venue avec ces longues bottes oranges de Vêtements X Manolo Blahnik. Une vraie beauté, j'en avais salivé. Savanah s'est rapidement habituée à notre mode de vie, et à partir de ce moment, elle est devenue plus femme. Plus mature, plus indépendante, et elle avait un sacré goût pour la mode! Elle n'hésitait pas à dénicher les vêtements les plus griffés. Nous étions toutes au courant que cet homme l'avait recontactée, et qu'ils se voyaient encore. Je n'ai pas eu le coeur de lui dire de faire attention, qu'il était un homme marié. Cependant, lorsqu'elle l'a appris, je me rappelle qu'elle a été dévastée. Nous n'avons jamais parlé d'amour, mais je suis certaine qu'elle l'aimait.​ Je sais qu'à partir de ce moment, elle a commencé à fréquenter un garçon de l'université, mais pas pour son argent. Noah était un homme modeste, elle nous l'avait présenté après quelques mois. Il était sympathique, un garçon assez comique à vrai dire. Ils se complétaient comme le Ying et le Yang, un vrai couple romantique. Et franchement, je crois qu'elle l'aimait bien. Il était un bon garçon qui travaillait très fort pour devenir psychologue. 

Je ne sais pas comment tout a pu dégénérer. Savanah ne m'a jamais fait part de ses problèmes, j'ai été assez bouleversée en apprenant son suicide.

​Savanah me manque horriblement. Elle rendait ma vie moins un enfer. 

Je regrette sa mort à tous les jours. J'aurais aimé l'aider à s'en sortir."

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- Penelope Baldwin, sa meilleure amie